Monologue d'un "comme un kiné, mais en mieux", diplômé en médecine louche

Analyse et éclaircissement suite à la vidéo : "Médecines louches : 'comme un kiné, mais en mieux' ?" de Mr Florian Gouthière du 20.10.2024 sur Radio Nova.

10/30/2024

Petit article en réponse à la chronique de Mr. Florian Gouthière, diffusée dans l’émission "La dernière" sur Radio Nova, qui critique l'ostéopathie sur des faits certes réels mais qui nécessitent un léger éclaircissement.

Reprenons point par point les différents reproches faits dans la vidéo:

  1. Le manque de fondements scientifiques solides : Mr. Gouthière met en avant que les principes de l'ostéopathie ne sont pas soutenus par des preuves scientifiques robustes. Il souligne que les prétentions de cette pratique, comme la possibilité d’influencer les organes internes ou le système nerveux via des manipulations, ne reposent pas sur des bases scientifiques avérées.

    Rép. : Alors oui mais pas exactement. Pour commencer, pour les principes de l'ostéopathie je vous renvoie sur l'onglet "L'ostéopathie" du site où ils sont listés et expliqués (Les cinq principes ostéopathiques ici). Mais concernant les fondements scientifiques, il faut savoir que l'ostéopathie est très compliquée à analyser par des critères scientifiques classiques pour plusieurs raisons :

    1. Complexité de l'Intervention et Variabilité des Techniques : L'ostéopathie comprend une grande diversité de techniques et d'approches, qui varient d'un praticien à l'autre, même pour un même type de douleur. Cela rend difficile l'uniformisation des traitements dans le cadre d'une étude scientifique. Les essais cliniques traditionnels, qui nécessitent une standardisation des traitements, s'adaptent mal à cette variabilité.

    2. Effet Placebo et Difficulté de l'Aveuglement : Dans les études médicales, il est courant d’utiliser des groupes de contrôle pour évaluer l’efficacité d’un traitement, souvent avec un placebo. Cependant, il est difficile de créer un placebo crédible pour les traitements ostéopathiques, car le simple fait de manipuler le corps du patient peut entraîner un effet placebo. De plus, dans les études sur les thérapies manuelles, il est difficile d’aveugler les patients et les praticiens, ce qui introduit des biais potentiels dans les résultats.

    3. Subjectivité des Résultats : Beaucoup d’études sur l’ostéopathie s’appuient sur des mesures subjectives, comme les auto-évaluations de douleur ou de bien-être des patients. Ces données, bien qu'importantes, sont moins fiables que des mesures objectives car elles peuvent être influencées par des facteurs psychologiques, comme les attentes des patients ou l’effet placebo.

    4. Faible Taille des Échantillons et Manque de Financement : Les études sur l’ostéopathie sont souvent de petite envergure en raison de la difficulté à obtenir un financement, surtout dans un domaine où les preuves d'efficacité sont limitées. Les petits échantillons rendent les résultats moins fiables et difficiles à généraliser.

    5. Hétérogénéité des Conditions Étudiées : L’ostéopathie est utilisée pour de nombreuses conditions (douleurs lombaires, migraines, troubles digestifs, etc.), mais les effets peuvent varier considérablement d’une condition à l’autre. Cela rend difficile la réalisation d’une méta-analyse ou d’une conclusion générale sur son efficacité, car les résultats pour une condition donnée ne sont pas forcément applicables à d’autres.

    Enfin pour finir cette première partie, non, on ne nous enseigne pas que "Si un organe est géométriquement de travers il faut le réaligner et pouf c'est l'auto guérison"; par contre on nous enseigne la Biomécanique, matière enseignée en école de médecine et qui, comme son nom l'indique, est l'application des outils de la mécanique, ses méthodes et principes, aux tissus et organes biologiques et à leurs problèmes médicaux associés. Et pour le coup, en biomécanique, on apprend les amplitudes articulaires, les mouvement des organes… Et ca, c'est enseigné en Médecine. Donc ... Quand c'est enseignée en école de médecine c'est scientifique, mais quand c'est enseignée en ostéopathie c'est du charlatanisme...

  2. Absence de consensus médical : Mr. Gouthière évoque le fait que les bénéfices revendiqués par les ostéopathes, tels que le soulagement de douleurs musculo-squelettiques, sont sujets à controverse et ne font pas consensus dans la communauté médicale.

    Rép. : Une méta-analyse (regroupement de plusieurs études scientifiques afin de faire une conclusion générale) publiée dans le Journal of Pain Research examine l'efficacité des techniques ostéopathiques pour soulager les douleurs chroniques, notamment les douleurs lombaires, qui sont une cause fréquente de limitation de la mobilité et de réduction de la qualité de vie. Selon cette étude, les interventions ostéopathiques peuvent apporter une réduction notable de la douleur et améliorer la fonction physique pour certains patients souffrant de douleurs lombaires chroniques. Toutefois, l'étude conclut également que ces effets sont modérés et comparables à ceux obtenus avec d'autres thérapies manuelles, telles que la kinésithérapie. Donc nous ne somme pas des "kinés mais en mieux" et nous n'avons pas la prétention de l'être.

    Par contre, cela concerne en effet, seulement la pratique ostéopathique sur l'appareil musculo-squeletique, or il existe plusieurs domaine de la pratique ostéopathique qui font débat car sans preuves scientifiques solides (car des études existent, mais de faible "forces") . Mais on en revient au explication du premier point qui explique entre autre pourquoi l'ostéopathie crânienne, viscérale, tissulaire (fascia)… sont décriées scientifiquement parlant.

  3. Méthodes pseudo-scientifiques : Mr. Gouthière critique certains aspects de l'ostéopathie qui reposent sur des théories obsolètes ou non prouvées, comme la manipulation des "flux" corporels ou la libération de tensions émotionnelles à travers des interventions physiques.

    Rép. : Alors oui, concernant le principe ostéopathique de La loi de l’artère Suprême (ou primauté de la circulation), c'est effectivement un des principes les plus contestable scientifiquement parlant de l'ostéopathie, c'est plus un raisonnement logique qu'une vérité scientifique.

    Quant au concept de "libération de tensions émotionnelles à travers des interventions physiques", l'ostéopathie va travailler sur les manifestations physiques des tensions émotionnelles et non sur les tensions émotionnelles en elles-mêmes. Si une personne a des douleurs liés au stress, l'ostéopathe ne peut pas traité le stress de la personne, mais il peut traiter les manifestations physiques du stress(douleurs, maux de tête, troubles digestifs…).

  4. Les risques pour les patients : La chronique met en garde contre le fait que certaines manipulations, surtout dans des zones sensibles comme les cervicales, peuvent être risquées. Ces pratiques peuvent être potentiellement dangereuses

    Rép. : Oui, c'est vrai, il existe même des articles médicaux relatant des pratiques dangereuses pour les patients. Comme il existe des erreurs médicales, il existe des erreurs de manipulations ostéopathiques. Mais cela incombe plus à l'ostéopathe que à l'ostéopathie. Il est de ma responsabilité en tant que professionnel diplômé de jaugé le bénéfice/risque de la technique que je vais utiliser sur mon patient. Je ne vais pas faire une descente du coude entre les omoplates d'une personne âgée qui a une densité osseuse comparable à une meringue, ou effectuer des manipulations cervicales sur une personne souffrant une pathologie qui contre-indique les manipulations cervicales.

Pour conclure, la critique de Mr. Gouthière par son ton à la fois critique et humoristique n'est en aucun cas informative. Elle ne fait que se baser sur une succession d'éléments caricaturaux sans rentrer dans les détails ou chercher à nuancer un minimum ses propos.

D'un point de vue personnel, plutôt que d'interdire les choses, essayons de les comprendre et même de voir comment les assimiler, surtout quand on constate l'état actuel du système de santé. Il est peut-être bénéfique que les personnes ayant besoin d'une prise en charge rapide puissent obtenir un rendez-vous chez un ostéopathe rapidement, plutôt que d'aller surcharger les urgences de l'hôpital ou d'attendre trois semaines pour obtenir un rendez-vous chez leur médecin.